Les Gardiens du Passé et les Espoirs de l’Artisanat
Venez à la rencontre des designers de bijoux en diamants indépendants qui réinventent les techniques artisanales ancestrales dans leurs collections de joaillerie.
Il ne fait aucun doute que les diamants sont éternels, mais pour trouver un bijou de collection d’une qualité tout aussi éternelle, il faut se plonger dans le design. L’expérience du design est multisensorielle, les diamants sont porteurs d’histoires invisibles attendant d’être révélées. Le collectif de joailler que nous vous présentons se propose d’écrire l’histoire de ces pierres. Ils s’inscrivent dans la « slow-fashion » proposant des modèles responsables et favorisant l’artisanat humain plutôt que le travail des machines. Pour eux, l’art de la création de bijoux est émotionnel, expérimental et hautement technique. L’artisan est au cœur de leur art, s’inspirant de techniques ancestrales pour créer des styles modernes.
Une harmonie parfaite entre le design et l’artisanat
L’union entre l’artisanat et le design est propre à chaque créateur qui ajuste la balance à sa préférence pour créer des pièces uniques. Nikos Koulis et Fernando Jorge, deux joaillers contemporains reconnus, dépeignent leur méthode de création. Nikos explique : « Je suis fasciné par la façon dont une esquisse change et évolue dans l’atelier. L’ensemble du processus de création, de la feuille de papier au rendu final, est ouvert au changement et flexible ; les mains des artisans déterminent le résultat final et l’intention créatrice rend nos bijoux uniques. » Fernando Jorge qui s’est initié à la joaillerie en observant des artisans distingue le processus de création en deux parties – l’artisanat et le design. « Nous travaillons la conception en fonction du design. Je ne veux pas utiliser de techniques inutiles, mais plutôt me concentrer sur la simplicité d’un savoir-faire particulier qui exprime ce dont un design a besoin. » Le processus de fabrication est défini par une collaboration étroite entre l’esprit créatif expérimental et le savoir-faire ancestral.
Réinventer les techniques de joaillerie traditionnelles
Il n’y a pas de doute sur le fait que les techniques artisanales traditionnelles sont garantes de qualité et préservent un héritage culturel qui a tendance à disparaître. La sculpture sur cire était une ancienne tradition utilisée par les bijoutiers pour mouler des motifs en trois dimensions. Neha Dani, une artiste basée à New Delhi, explique : « La sculpture sur cire m’aide à penser à de nouvelles créations lorsque je travaille. Ça me permet d’obtenir également des formes organiques ce qui est difficilement réalisable avec les feuilles de métal traditionnelles. » Ses créations sont soigneusement travaillées et retravaillées, comme un sculpteur qui joue avec de l’argile. La créatrice libanaise Gaelle Khouri travaille également avec de la cire de joaillier « pour s’assurer que les designs sont réalisés de la manière la plus artistique et la plus méticuleuse possible, » explique-t-elle. Un processus nécessaire pour réaliser la complexité de telles pièces.
Captant les sensibilités brésiliennes, Fernando place ses diamants naturels dans des formes très sensuelles. Il utilise deux techniques pour évoquer le rythme, sa source d’inspiration principale – « J’utilise une sculpture douce spécifique des pierres précieuses pour donner l’impression que les diamants ont une certaine fluidité, ainsi qu’un mécanisme de chaîne serpentine qui a permis à la pièce d’avoir une structure flexible. Ces techniques ont contribué à définir mon esthétique personnelle, » explique Fernando Jorge. Gaelle Khouri se distingue pas le métal utilisé dans ses œuvres : « Nous utilisons une couleur de bronze très particulière qui a une texture spéciale – en la gardant sous une forme mate pour la juxtaposer à l’or brillant que nous utilisons habituellement, » explique la joaillère, qui crée des pièces constituées de plusieurs métaux, textures et styles.
Après avoir suivi une formation d’orfèvre à Florence, la joaillère indienne, Sajil Shah de Sajjante, introduit en Inde d’anciennes techniques florentines comme le ‘Rigato’ une façon de sculpter de fines lignes parallèles dans l’or pour créer un effet de soie, et le ‘Nido di Vespa’, une dentelle complexe en forme de nid d’abeille, réalisée à partir d’une seule feuille de métal. « Ma technique personnelle préférée consiste à percer des diamants naturels au lieu de les sertir dans des griffes. Le métal est utilisé comme technique pour donner un effet de flottement. » Sajil Shah poursuit en décrivant comment cette technique lui a permis de réaliser des boucles d’oreilles inspirées par la fleur de cerisier. – « J’ai percé plus de 200 diamants naturels pour tenter de fabriquer ces boucles d’oreilles et j’en ai cassé plus que je n’en ai serti ! » Un sacrifice au nom de l’expérimentation mais un vrai engagement dans l’artisanat.
Nikos Koulis présente aussi l’illusion de diamants flottants, mais à travers un point de vue différent. Il utilise une technique grecque traditionnelle qui est devenue la marque de fabrique de ses bijoux à travers les années. « Nous utilisons de l’émail chauffé à une température très élevée pour le rendre résistant. L’émail transparent, dont nous avons fait une marque déposée, est très difficile à obtenir. Nous réussissons à sertir les diamants naturels avec l’émail transparent, ce qui donne l’impression de flottement. » Il ne s’agit en aucun cas de bijoux ordinaires, mais d’un travail réalisé avec passion par chaque créateur.
L’âme des bijoux
L’énergie de chacun des artisans se loge dans les diamants lorsqu’ils passent de mains en mains. Une seule pièce prend des centaines d’heures à être finalisée, même le plus petit détail est pris en compte pour exprimer une vision artistique singulière. Sajil Shah de Sajjante raconte : « Tous les aspects techniques, qu’il s’agisse des réglages, de la flexibilité, de l’enchaînement, de la densité, de l’ajustement ou de la durabilité, doivent être parfaits pour que le client se sente bien en portant le bijou, même si ces détails ne sont pas connus du client. » L’artisanat de qualité n’est pas toujours visible à l’œil nu, mais se ressent dans la touche artisanale. La designer libanaise, Dina Kamal, qui adopte une approche très technique de la fabrication de bijoux, décrivant ses dessins comme des « dessins architecturaux » estime qu’au bout du compte « chaque personne impliquée dans la création du bijou y ajoute une partie d’elle-même – ce qui donne au bijou une âme et une véritable force. »
Un avenir responsable
Pour s’assurer de développer un futur responsable, il ne faut absolument pas négliger la place du savoir-faire artisanal. « L’artisanat qui fait sens est un artisanat lent, » explique Nikos Khouri qui estime que la joaillerie devrait être perçue comme un art. « Vous n’achetez pas une œuvre d’art pour la mettre dans votre salon pendant seulement une saison, une œuvre d’art doit être intemporelle. » Ces créateurs s’attèlent à réaliser des bijoux intemporels, conçus pour traverser les âges. Alors tournez-vous vers les bijoux conçus avec amour, qui ont du sens et qui rendent hommage au savoir-faire artisanal.