Rencontre avec Le DIAMANTAIRE De la rue à l’atelier
Toute personne amoureuse des balades parisiennes a pu observer depuis quelques années des « formes de diamant » en miroir, collées sur les murs de la capitale. Cette œuvre, c’est celle du Street-artiste Le Diamantaire. Ce trentenaire fêtera ses 10 ans de collage en 2021. Depuis 2013, il travaille « en XXL », car il crée, en outre, des sculptures évoquant des diamants taillés. Nous l’avons rencontré dans son atelier pour échanger sur ses créations.
A l’origine sa démarche
Quels sont vos débuts ?
Le Diamantaire – J’ai commencé à coller des diamants dans la ville en 2011. Auparavant j’étais dans le monde du Graffiti. Mais j’ai vite pensé que l’univers du graff’ était un microcosme, que les graffeurs agissaient entre eux et pour eux. J’ai souhaité passer des lettres graffées au pictogramme, avec un signe très fort qui s’ancre dans la tête de chacun. Je suis passé de l’aérosol au collage d’une forme brillante universelle : le diamant de rue.
Pourquoi avez-vous délaissé le graffiti ?
Le Diamantaire – Pour moi, les lettres qui représentent l’ADN du graffiti, ne sont pas toujours lisibles immédiatement dans la rue, alors qu’un pictogramme, une forme graphique, parle très vite d’elle-même visuellement. Surtout quand cette forme est très structurée comme le diamant.
Quel est votre processus créatif ?
Le Diamantaire – De par ma formation en métallerie chaudronnerie, j’ai développé ma technique, mon savoir-faire manuel. J’ai associé cet esprit d’artisanat, le savoir-faire du geste, à la communication visuelle (formation que j’ai suivie). C’est ainsi que j’ai voulu m’arrêter sur le diamant comme avec un logo, comme au travers d’une signature, car il peut être travaillé à l’infini.
Qu’est-ce qui vous caractérise ?
Le Diamantaire – Dans ma création et c’est comme ça depuis le début, je récupère des morceaux de miroir dans la rue, et je leur donne une seconde chance, pour les faire renaître en forme de diamants et aujourd’hui en sculptures. J’aime ce contraste de l’esprit récup’ et du diamant qui exprime le beau universel.
Avez-vous été obligé de faire de l’alpinisme pour coller vos diamants dans la rue ?
Le Diamantaire – Non, mais obligé de coller à la perche oui. J’aimais aussi que mes diamants soient proches des spectateurs.
Les diamants dans la rue : sa signature
Pourquoi le Diamant choisi comme emblème de votre création ?
Le Diamantaire – Je souhaitais un symbole fort et facilement reconnaissable. Le « Diamant » conçu comme un don à la rue, je trouvais la symbolique puissante. Mêlée au miroir, cela apporte à cette dernière un côté précieux et “luxueux”. Je voulais quelque chose à l’opposé du graffiti.
Pourquoi ce nom Le Diamantaire ?
Le Diamantaire – Au début, mon nom était « Diamant Art ». Mais en 2013, j’ai adopté la signature « Le Diamantaire » pour exprimer « celui qui agit et qui œuvre autour de la forme diamant. C’est aussi celui qui s’amuse autour de la gemme. ».
Quel est votre message global en collant en 2011 des diamants la rue ?
Le Diamantaire – En collant ces diamants sur les murs des villes (Paris, Normandie, Los Angeles, Munich…), je me repose sur la philosophie du Street art, c’est-à-dire celle de partager et de rassembler autour du beau, dans la rue et de façon accessible. Comme dans le Street art, avec le diamant j’égaye le quotidien de chacun. Le Street art fait vraiment arrêter le promeneur, lui apporte un clin d’œil de légèreté et de surprise. Il souligne l’aspect vivant de la ville, en positionnant dans des endroits improbables, des ponts, des toits, des façades, des œuvres et des messages.
Qu’est-ce qui vous séduit dans le diamant ?
Le Diamantaire – Le diamant engendre chez moi un foisonnement d’idées pour créer. Sa symbolique, son aspect, ses reflets, son critère d’infini sont autant de jeux avec lesquels je peux inventer. Initialement j’étais loin du milieu diamantaire, donc c’est vraiment sa forme qui m’a séduit. Puis j’ai appris à le connaître et à m’inspirer de la joaillerie pour donner naissance à de nos nouvelles créations.
Avez-vous lu les livres de gemmologie pour étudier les proportions de la « taille brillant » par exemple ?
Le Diamantaire – Les proportions de mes premiers diamants de rue sont totalement personnelles. Au début, j’ai dessiné les gabarits des diamants à main levée. Ce qui m’émerveille ce ne sont pas les dimensions scientifiques de la pierre, mais c’est davantage la joaillerie. Et aussi les différentes tailles de diamants.
Quelles sont vos influences ?
Le Diamantaire – Olafur Elliasson pour son travail sur l’espace et la lumière, mais aussi l’artiste Obey…
Mais je ne regarde pas trop les autres pour tenter de ne pas copier ; il faut que cela sorte vraiment de moi.
Qu’est-ce qui vous anime aussi pour créer de nouvelles formes ?
Le Diamantaire – Les différentes techniques. Parfois dans un musée ou une expo, le sujet m’importe peu mais le processus créatif et les différentes techniques pour y parvenir m’interpellent.
Comment s’inspirer de toutes les propriétés de la gemme diamant
Quels sont vos matériaux de prédilection pour créer ?
Le Diamantaire – Le miroir qui est très fragile alors que le diamant lui est très dur et solide. Mais le miroir scintille comme le diamant et crée des jeux de lumière qui ont du sens. A mes débuts je découpais les miroirs sur le trottoir. En tous cas, il m’inspire énormément car le miroir, sa seule apparence est ce qu’il reflète. Les jeux de miroir apportent des multiplications, des effets d’images et peut vous entrainer dans une perte de repères. L’acier est l’autre matériau que j’utilise pour mes structures ; il est simple mais il prend la lumière quand on le polit.
Aujourd’hui vous ajoutez l’électricité à la palette de vos outils pour créer ?
Le Diamantaire – Oui la sculpture peut avoir deux facettes : jour ou nuit. Eclairée ou pas. L’électricité permet encore de déployer l’œuvre en plus grand, grâce au jeu de ses ombres sur le mur.
Déclinaison de son œuvre : du « small à l’XXL »
A partir de quelle année, avez-vous créé des sculptures ?
Le Diamantaire – A mes débuts, mes diamants de rue étaient conçus en 2 D, puis après j’ai joué sur les matières superposées pour donner du relief à mes créations. C’est en 2013 que j’ai fait naître mes premières œuvres vraiment en volume car avant je n’avais ni l’espace, ni les machines pour travailler en 3D. Et la cerise sur le gâteau : en 2015 j’ai été soutenu par un mécène. On peut apprécier mon passage à la 3 D avec la forme de l’octogone pour mes sculptures.
Un artiste en constante recherche, comme dans un laboratoire
A partir de quand vous vous êtes décidé à vivre de votre art ?
Le Diamantaire – A partir de 2012 où ma vie avec les diamants s’est structurée et j’ai décidé d’en vivre grâce à ma première exposition cette année-là.
On peut acheter un diamant de rue sur votre E-shop ? Vous faites rentrer un « morceau de Street art » dans l’intérieur du grand public ?
Le Diamantaire – En fait le grand public en achetant mes diamants de rue qui sont numérotés et vendus dans un écrin, a la sensation de s’offrir une partie de rue. Ces diamants sont très accessibles au niveau prix comme dans la philosophie du Street art où l’on donne accès instantanément à l’œuvre.
Que peut-on acheter d’autres sur votre E-shop ?
Le Diamantaire – On peut On peut s’offrir des pin’s en forme de diamants, clin d’œil à mes diamants de rue.
Quelles sont vos actualités ?
Le Diamantaire – Pour 2021, je souhaiterais faire une rétrospective car je fête mes 10 ans de collage de diamants de rue, une expo dans mon atelier.
Comment s’exprime la parure ?
Le Diamantaire – Nous avons dessiné ensemble avec Flav Joaillerie les bijoux. Il s’agit d’un pendentif en argent assez XXL et une bague (déclinée en or blanc, ou jaune, avec des pierres précieuses au choix comme le saphir, le rubis et le diamant).
Sinon je lance en collaboration avec Flav Joaillerie, une créatrice française une parure (bague et pendentif) « Le Diamantaire & Flav Joaillerie. Elle a été séduite par mon travail et j’aime ses bagues Art déco. Pour découvrir la ici
Vous avez aussi des actualités dans la rue, dans la ville ?
Le Diamantaire – Oui je vais aller coller des diamants dans la ville d’Apt. Je construis en ce moment une grande sculpture diamant (avec de la mobilité) pour Apt. Enfin pour Paris, je crée des sculptures spéciales pour la Tour Montparnasse ainsi qu’une exposition.
LE DIAMANTAIRE en quelques dates-clés
2013 : première exposition personnelle à la galerie Derouillon à Paris (75003)
2014 : un mécène lui propose de venir travailler dans son atelier. C’est là où Le Diamantaire se dirige vraiment vers la “vraie ” sculpture
2015 : première exposition personnelle de sculptures (structures métalliques recouverte de miroir). Première sculpture monumentale de 6 m X 6 m
2017 : travail de la lumière
2018 : exposition à la Chapelle Expiatoire pour l’événement La Nuit Blanche Paris (75008)
2020 : première collaboration avec une joaillière parisienne afin de réaliser une collection de bijoux