La bataille pour la possession de Princie, un diamant de 40 millions de dollars.

Pourquoi sommes-nous toujours à la recherche de ce diamant rose vieux de 300 ans ?

By |

Lorsque Pierre Arpels acheta un magnifique diamant de 35 carats rose intense chez Sotheby’s en 1960, il le baptisa Princie, surnom affectueux du prince de Baroda, âgé de 14 ans. Le baptême eut lieu lors de la cérémonie de présentation de la pierre dans la boutique parisienne de Van Cleef & Arpels à laquelle assistaient le jeune prince, surnommé “Princie” et sa mère, célèbre collectionneuse de bijoux et cliente de la maison. Il s’agissait probablement aussi d’un clin d’œil à l’origine du diamant rose découvert dans les mines historiques de Golconde, en Inde, il y a quelque 300 ans (nous y reviendrons plus tard).

Aujourd’hui, la simple mention du diamant Princie peut susciter les interrogations des initiés du secteur (de même que celles de certaines personnalités mondaines en Italie) qui se souviennent de la vente record du diamant en 2013, et du scandale qui s’ensuivit.

C’est ce charmant surnom qui rend la traque du diamant plus facile et son histoire encore plus passionnante. S’il s’agissait d’un diamant rose anonyme, nous n’en parlerions peut-être pas aujourd’hui.

Princie Diamond
Crédit Photo : Maison de ventes aux enchères Christie’s

Les pierres historiques sont couramment baptisées d’un nom, souvent en hommage à leur propriétaire, et pour marquer leur place dans les annales des diamants et gemmes historiques. En 2015, le milliardaire hongkongais Joseph Lau, par exemple, a acheté un diamant bleu vif de 12 carats pour la somme record de 48 millions de dollars, qu’il a promptement baptisé la Lune bleue de Joséphine en l’honneur de sa fille de 12 ans (c’était un cadeau pour elle). Nous n’oublierons pas ce diamant, ni le nom de cette chanceuse petite fille de sitôt.

Les pierres peuvent changer de mains, mais quel qu’en soit le propriétaire, leur nom est le garant de leur origine et de leur histoire.
Le diamant Princie restera dans les mémoires autant pour sa beauté exceptionnelle que pour la bataille juridique qu’il a suscitée.


La bataille pour le diamant Princie

Pierre Arpels n’a pas gardé le diamant bien longtemps. La même année, l’homme d’affaires et politique italien Renato Angiolillo achète le diamant rose pour sa seconde épouse, Maria Girani Angiolillo.

A la mort de Renato Angiolillo en 1973, sa veuve a gardé le diamant. À son décès en 2009, le fils de Maria Girani Angiolillo affirme que le diamant et d’autres bijoux ont disparu. Selon la loi italienne, les biens d’une personne défunte sont transmis à ses enfants, sauf indication contraire dans son testament. Cela signifie que les bijoux de Maria Girani Angiolillo (dont le Princie) reviennent à tous ses héritiers, y compris les enfants de son défunt mari, avec lesquels elle entretenait apparemment de bonnes relations. Lorsque ses beaux-enfants apprennent que les bijoux ont disparu, ils portent plainte. Mais sans suite.


Renato Angiolillo, sénateur et fondateur du quotidien romain Il Tempo, a achété le diamant en 1960 ; Crédit Photo : Carlo Bavagnoli/Mondadori, via Getty Images

How Much Did the Princie Diamond Cost?

Jusqu’à ce que le Princie réapparaisse lors d’une vente aux enchères de Christie’s New York en 2013. Lorsque la famille Angiolillo apprend que le diamant rose de 35,65 carats de taille coussin va être vendu, elle prévient la maison de ventes aux enchères qu’il s’agit probablement du diamant réputé volé.

Selon les rapports judiciaires, c’est le marchand suisse de pierres précieuses David Gol qui a confié le diamant à la maison de ventes aux enchères Christie’s. Ledit marchand a déclaré avoir acheté le diamant 20 millions de dollars à un vendeur qui n’est autre que Marco Oreste Bianchi Milella, fils de Maria Girani Angiolillo disant avoir hérité le diamant de sa mère. Après examen des documents, Christie’s a estimé que David Gol était bien le propriétaire légal du diamant et a procédé à la vente.

Christie’s a vendu le diamant Princie pour la somme record de 39,3 millions de dollars à la famille royale qatarie. C’est alors que la bataille de la famille Angiolillo pour récupérer le diamant a été rendue publique. La famille a déposé une plainte devant le tribunal de New York pour obtenir la restitution du diamant ou à défaut une compensation. Finalement, en 2020, en pleine crise du coronavirus, la cour d’appel de New York a prononcé un jugement en faveur de la famille Angiolillo, ce qui a permis à l’affaire d’être jugée.

Où se trouvait le diamant Princie pendant toute cette histoire ? Il semblerait que la famille qatarie ait mis en sécurité le diamant rose dans un établissement de dépôt suisse pendant le litige.

Les dossiers des tribunaux indiquent que les parties sont finalement parvenues à la fin de l’année dernière à un accord qui n’a pas été divulgué, de ce fait l’affaire n’a pas été jugée.


Où est le diamant Princie?

Donc, une fois de plus, la localisation du Princie demeure inconnue. Jusqu’à ce qu’il réapparaisse à l’avenir dans une vente aux enchères ou sur un bijou fabuleux. Car un diamant rose de cette beauté, de cette taille et de cette rareté ne peut rester incognito trop longtemps. Il n’existe qu’un seul diamant Princie.


Crédit Photo : HPrints

L’Histoire du Diamant Princie

L’histoire du Princie commence il y a 300 ans quand il a été, croit-on, découvert dans les anciennes mines de Golconde en Inde, d’où proviennent les diamants les plus spectaculaires du monde, notamment le Hope, le Koh-i-Noor et le Dresden Green. Identifié pour la première fois dans les années 1700, le diamant rose faisait partie de la collection de bijoux et de trésors du souverain indien Nizam d’Hyderabad. Après cela, ses propriétaires officiels et sa localisation sont restés inconnus pendant des siècles.

Il est finalement réapparu chez Sotheby’s en 1960, où il était proposé comme “propriété d’un gentleman”. On a appris par la suite que le gentleman ou le vendeur était le Nizam d’Hyderabad. À l’époque, Pierre Arpels a acheté le diamant pour 46 000 livres sterling (environ 1 million de livres sterling aujourd’hui).


Pourquoi le Diamant Princie est-il si rare ?

Dans son rapport de 2013 sur la pierre, le Gemological Institute of America (GIA) a déclaré que le Princie était le plus gros diamant rose intense de la catégorie Golconde jamais classé. Le rapport du GIA a confirmé que le diamant était de type IIa, le plus chimiquement pur et d’une extrême limpidité.

Un diamant rose de qualité supérieure, quelle que soit sa taille, est extrêmement rare, mais un diamant de cette taille et de cette qualité n’apparaîtra probablement plus jamais. On peut dire qu’il s’agit d’une magnifique exception de la Nature : Seul un diamant sur 100 000 peut être certifié rose, intense qui plus est.

C’est pourquoi nous continuerons à rechercher des pierres exceptionnelles comme le Princie, car c’est un diamant unique riche d’une histoire passionnante vieille de 300 ans – et probablement d’autres histoires à venir.