La Lune de Baroda: Un côté obscur pour un fabuleux diamant.
Ce diamant peu célèbre, pourtant porté par la «royauté» sur trois continents différents, a inspiré une chanson et une performance emblématique.
En pensant aux spectaculaires diamants naturels, La Lune de Baroda n’est peut-être pas le premier qui vient à l’esprit. Mais ce devrait être le cas, étant donné que cette pierre fut portée par la plus grande icône du glamour, Marilyn Monroe.
Lors de sa tournée de promotion pour le film Les hommes préfèrent les blondes (dans lequel elle a interprété la chanson la plus célèbre du film, «Diamonds are a Girl’s Best Friend»), elle arborait La Lune de Baroda, un joyau vraiment incroyable dont l’histoire s’étend depuis les mines légendaires de l’Inde aux cours européennes jusqu’à la «royauté américaine».
Mais attention, comme plusieurs autres diamants célèbres et renommés, l’imposante gemme cacherait également un côté obscur, et l’on croit depuis toujours qu’elle serait empreinte d’une malédiction: «Si la gemme traverse un jour mer ou océan, elle portera malheur à son propriétaire.»
La méfiance est-elle justifiée? Nous allons le voir.
Le diamant a commencé son périple comme de nombreuses pierres célèbres et vénérées de l’histoire, découvert et mis au jour dans les riches mines de diamants de Golconde, en Inde, une région qui a une signification toute particulière dans le monde des pierres précieuses. Le simple fait de prononcer le mot «Golconde» chez les experts fait immédiatement grimper les prix et miroiter l’image de diamants superbement lumineux, sublimement cristallins, magiquement transparents à la pureté inhérente. En fait, pas moins de vingt célèbres pierres précieuses sont originaires de ce lieu légendaire.
Pesant à l’origine 25,95 carats lorsqu’il a été découvert près de la ville de Hyderâbâd entre le XVe et le XVIIe siècle, le diamant brut naturel a d’abord été acheminé dans la ville occidentale de Baroda (aujourd’hui Vadodara). Là, sa couleur jaune intense et sa grande clarté ont été mis en valeur en une taille poire antique de 24,04 carats (très faible perte en poids compte tenu des techniques de taille anciennes), parfaitement adaptée à la coiffe royale ou «pagri» de la noblesse indienne.
La Lune de Baroda est un joyau vraiment incroyable dont l’histoire s’étend depuis les mines légendaires de l’Inde, aux cours européennes jusqu’à la «royauté américaine».
Pendant la majeure partie de son histoire connue de près de 500 ans, le diamant est resté en possession des puissants Gaekwads de Baroda, une dynastie indienne de Maharajas qui, pendant plus de deux siècles, a régné sur une grande partie du pays occidental, centré autour de l’État du Gujarat actuel. Il était conservé aux côtés d’œuvres d’art remarquables, de tapis faits à la main, de sculptures en or et autres objets qui remplissaient le coffre royal des Gaekwads, un coffre si riche qu’il était, selon la rumeur, classé deuxième après celui des Nizam de Hyderâbâd.
Vers le milieu du XVIIIe siècle, la pierre fut offerte à la seule femme qui règna de la dynastie des Habsbourg, l’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche, mère de Marie-Antoinette (célèbre elle aussi, entre autre, pour son amour pour les joyaux). Cependant, à la mort prématurée de l’impératrice (qui, selon certains, était due à la malchance apportée par la pierre), les Habsbourg rendirent la pierre à la famille Gaekwad.
En 1860, le diamant, monté en pendentif, restera dans son pays natal, l’Inde, pendant plusieurs décennies.
Dans les années 40, le diamant s’est finalement retrouvé sur le sol américain, chez une entreprise prestigieuse de diamantaires basée à Cleveland, dans l’Ohio. Puis, en 1953, il a été vendu à Meyer Rosenbaum, président de la Meyer Jewelry Company à Detroit, dans le Michigan.
C’est Meyer qui proposa à Marilyn Monroe de porter la pierre simplement suspendue à un solide cordon de cuir lors du tournage du film «Les hommes préfèrent les blondes», et continua à la lui prêter durant toute la durée de la tournée promotionnelle du film. La première fois qu’elle a posé les yeux sur le bijou, Marilyn Monroe aurait dit: «Il est splendide», et a même dédicacé une photo: «À Meyer, merci de m’avoir donné la chance de porter La Lune de Baroda». Coïncidence ou pas, mais après avoir porté le diamant tout au long de son «année de gloire» en 1953, la carrière de Marilyn commença à décliner.
La malédiction serait-elle en cause?
Après près de quatre décennies, l’histoire de La Lune de Baroda s’arrête – pour l’instant – aux ventes aux enchères de 1990 et 2018. Bien que vendeurs et acheteurs soient restés anonymes, ils seraient en bonne santé et prospères. Reste à espérer que La Lune de Baroda ne traverse pas une autre étendue d’eau, pour que cela se poursuive dans le proche avenir.