La Start-Up Clara fait entrer les Diamants Naturels dans l’ère du Numérique
À certains égards, l’industrie du diamant est restée bloquée à l’âge de pierre. En particulier le processus de vente de diamants bruts qui est toujours autant analogue et qui résiste aux alternatives technologiques, qui sont utilisées par le reste du monde. Tout cela va être bousculé par Clara Diamond Solutions (Clara).
Clara : l’alliance entre la technologie et le processus de vente de diamants
La start-up Clara, fondée par Ophir Stolov et Aaron Ariel, est une plateforme de vente en ligne qui a été lancée en 2018. La plateforme a pour but de proposer des diamants bruts à des fabricants spécialisés pour leur permettre de trouver les pierres les plus adéquates à leurs réalisations. L’entreprise s’est associée à la société israélienne Sarine Technologie, qui permet de scanner en très haute qualité les pierres brutes sortant de la mine afin que les clients potentiels puissent les visualiser virtuellement. Les ventes de Clara ont lieu toutes les deux semaines et la plateforme est spécialisée dans les diamants d’un à 15 carats.
« C’est une industrie qui est restée inchangée pendant une bonne centaine d’année, » déclare Eira Thomas, la présidente et directrice générale de Lucara Diamond Corporation, la société canadienne d’extraction de diamants qui grâce à Clara contribue elle aussi à moderniser l’industrie du diamant.
Eira Thomas prend l’exemple de Tiffany & Co. et de sa taille Lucida pour illustrer le travail de la start-up. Si Tiffany & Co. a besoin de six diamants Lucida, de différentes dimensions, couleurs et qualité, ils passent une commande sur la plateforme Clara, qui utilise un algorithme pour faire correspondre la commande à un diamant brut qui sera efficacement poli pour obtenir exactement ce que Tiffany veut. Le fabricant peut ainsi acheter efficacement les diamants dont il a besoin, sans acheter ce dont il n’a pas besoin.
Technologie = Transparence
La plateforme utilise la technologie blockchain ce qui permet de rendre la chaîne d’approvisionnement complètement transparente. Cela signifie que tous les diamants vendus sur Clara sont entièrement traçables, ce qui revêt une importance croissante dans l’industrie du diamant aujourd’hui. Lucara est une société d’extraction de diamants qui s’approvisionne dans la mine de diamants Karowe, située au Botswana, mais la technologie Clara est à la disposition de tous ses concurrents désireux de moderniser leur chaîne d’approvisionnement et leur processus de vente.
L’idée de créer un marché en ligne pour les diamants peut sembler évidente, surtout lorsque l’on jette un coup d’œil à la méthode traditionnelle de vente des diamants bruts, qui reste la norme dans le secteur mais qui risque d’être désormais perturbée. La méthode traditionnelle prend place de cette façon habituellement : les sociétés d’extraction de diamants, telles que Lucara et DeBeers, récupèrent les diamants bruts et les mettent en « paquets », ou assortiments de pierres en fonction de leur dimension, de leur couleur et de leur qualité. Tous les diamants naturels sont uniques par nature – il n’y en a jamais deux qui se ressemblent. Les fabricants spécialisés, c’est-à-dire ceux qui taillent et polissent les diamants pour en faire des pierres précieuses destinées aux bijoutiers du monde entier, sont invités à faire des offres sur les « paquets », avec une réserve. Ils ne peuvent pas se présenter et dire : « Je veux deux de ces diamants et un de ceux-là », explique Eira Thomas. « On leur propose un assortiment de plusieurs diamants qu’ils n’ont pas choisi, et c’est à prendre ou à laisser. Et si vous le laissez, vous risquez de ne pas être réinvité. »
Clara et son fonctionnement
Une fois que les fabricants ont leur assortiment de diamants bruts, ils évaluent chaque pierre à l’aide d’un grossissement et de scans détaillés afin de savoir quel type de diamant poli peut être créer à partir de la pierre brute. Inévitablement, certains diamants bruts faisant partie de l’assortiment ne répondent pas aux besoins et aux envies du fabricants. Ils doivent alors faire un choix : tailler et polir le surplus ou le revendre sur un marché secondaire.
Ce processus n’est donc pas très efficace. Alors, pourquoi a-t-il fallu si longtemps avant que Clara n’apparaisse dans l’industrie du diamant ? « Il n’y a que très peu de nouveauté et d’innovation dans une industrie qui a été aussi rentable en faisant les choses que d’une seule manière, » explique Aaron Ariel du groupe canadien tailleur de diamants HRA. « Les infrastructures sont en place depuis de nombreuses années et facilitent la chaîne d’approvisionnement. Ils sont rentables de cette manière. Se réveiller un matin et dire « Vous savez quoi ? Nous allons supprimer tout ça et essayer quelque chose d’autre. » paraît insensé. »
En plus d’être cadre dans une entreprise de fabrication de diamants, Aaron Ariel est l’ingénieur qui a fondé le logiciel de Clara en 2015 avec son cousin Ophir Stolov. Le fait d’être à la fois dans l’industrie des diamants et dans l’industrie technologique leur a été d’une grande aide. « Nous avons vu l’opportunité parce que nous étions dans l’industrie même, » déclare Aaron Ariel. Ils ont finalement vendu Clara à Lucara et continuent aujourd’hui à gérer la recherche et le développement de la plateforme.
Au début il y avait une certaine réticence à ce que les acteurs traditionnels rejoignent Clara car ils hésitaient à changer leurs habitudes. Mais la Covid et les restrictions de voyage ont mis en lumière l’intérêt de la plateforme de connecter l’offre et la demande en ligne. « Nous sommes passés de 20 clients à plus de 90 aujourd’hui, » déclare Thomas, et « nous avons négocié pour plus de 50 millions de dollars de diamants. » Selon Thomas, la plateforme a atteint une étape décisive grâce au nombre croissant d’utilisateurs. Elle accélère les ventes de diamants naturels au-delà de ce que Lucara espèrait, avec l’idée d’amener la majorité de l’industrie, indépendamment de la concurrence, sur une plateforme commune, ce qui changera à jamais l’ensemble de l’industrie du diamant naturel.