Les Diamants ouvrent la voie à des Avenirs Meilleurs
Nichée sur la rive nord du Grand Lac des Esclaves, la ville de Yellowknife est la capitale des Territoires du Nord-Ouest (TNO), au Canada. Les Dénés appellent ces territoires « Denendeh », ce qui signifie « Terre du peuple ». Les TNO sont riches en minéraux et la nature y est prospère, il y a des sentiers de randonnées […]
Nichée sur la rive nord du Grand Lac des Esclaves, la ville de Yellowknife est la capitale des Territoires du Nord-Ouest (TNO), au Canada. Les Dénés appellent ces territoires « Denendeh », ce qui signifie « Terre du peuple ». Les TNO sont riches en minéraux et la nature y est prospère, il y a des sentiers de randonnées magnifiques et le ciel est d’un bleu très pur. De fin août à avril, c’est l’un des meilleurs endroits au monde pour observer les aurores boréales et leurs reflets émeraudes. Les températures peuvent monter à plus de 30°C l’été et descendre à -60°C l’hiver. Les communautés autochtones qui représentent plus de la moitié de la population des Territoires du Nord-Ouest forment une société chaleureuse et dynamique.
Yellowknife et ses environs abritent des peuples indigènes (les Couteaux-jaunes, les Tchipewyans, les Tlichos et les Métis) depuis des siècles, bien avant que la ville soit construite en 1934 et qu’elle soit déclarée capitale des Territoires du Nord-Ouest en 1967. À l’origine, les Dénés faisaient du commerce de fourrures et d’outils fabriqués à partir de gisements de cuivre situés près de la côte arctique. Puis, avec la découverte d’uranium, d’argent et d’or dans les années 1930, Yellowknife s’est rapidement développée pour devenir une ville minière, ce qui a ouvert la voie à la découverte de diamants en 1991.
Darrell Beaulieu a rempli trois mandats en tant que chef de la Première Nation des Dénés Yellowknives, il est maintenant PDG de Denendeh Investments Incorporated (DII). Son entreprise détient des investissements au nom des Dénés dans la production, la transmission et la distribution d’électricité, dans la partie sud des Territoires du Nord-Ouest ainsi que dans l’immobilier, l’entretien et l’exploitation des infrastructures de communications dans tout le Yukon, les Territoires du Nord-Ouest et le Nunavut. L’entreprise comprend aussi une société d’exploitation minière (DEMCo) ainsi qu’une branche qui contribue à distribuer de la nourriture sur les mines du diamant : Denendeh Food Service Ltd. Mr Beaulieu est né et a grandi à Yellowknife, il se souvient des jours qui ont précédé la découverte des tous premiers diamants : « À l’époque des mines d’or et d’uranium, les peuples autochtones participaient très peu à la vie économique, j’ai 63 ans aujourd’hui donc je m’en souviens bien. Il y avait bien quelques emplois disponibles, mais il s’agissait de travail, pas de carrière. Les gens ne se mélangeaient pas, ça a pris du temps pour que les choses changent. »
Tout a changé en 1973, quand le gouvernement canadien a instauré de nouvelles lois à propos des terres indigènes, à travers le processus fédéral de revendications territoriales. Ceci a marqué le début des négociations modernes sur les droits des autochtones dans les Territoires du Nord-Ouest. Plus important encore, il a donné aux peuples autochtones la possibilité de participer aux régimes de gestion des ressources qui s’appliquent à l’ensemble de leurs zones de peuplement. “Les régions de l’Akaitcho et du Dehcho négocient toujours avec le gouvernement fédéral pour mettre en œuvre les traités huit et onze négociés avec la Couronne britannique à la fin des années 1800 et au début des années 1900, tels que les comprennent les Dénés, ajoute Mr Beaulieu, en partageant les terres et les ressources et en établissant des accords de coexistence.
« D’après mon expérience, les peuples autochtones sont très proactifs, » déclare Mr Beaulieu « Nous adoptons une approche équilibrée du développement. La vie sauvage, l’eau et la nature sont essentiels pour nous et nous voulons nous assurer que le développement industriel n’a pas d’effet négatif sur l’environnement. Ainsi, en participant activement aux prises de décisions, nous pouvons mieux contrôler le développement des mines de diamant dans les Territoires Nord-Ouest. En termes d’emplois et d’opportunités pour les entreprises, les peuples indigènes du Canada et des TNO veulent participer à tout le processus, du développement à l’exploitation jusqu’à la gouvernance et à la remise en état des mines. »
Au fil des ans, l’industrie du diamant de Yellowknife a produit environ 14 millions de carats de diamants et les retombées économiques ont permis au Canada de bénéficier de 2,08 milliards de dollars. « L’exploitation des mines de diamants dans les Territoires du Nord-Ouest a beaucoup aidé en termes d’emploi, de formation et d’implication des gens dans divers secteurs du monde de l’exploitation des mines de diamants, qu’il s’agisse de la gestion ou de la chaîne d’approvisionnement “, explique Mr Beaulieu. « Avant la découverte des diamants, il y avait peut-être dix ou vingt entreprises autochtones au service de l’industrie minière, mais une fois les diamants arrivés, il y a eu jusqu’à cent entreprises. Tout pouvait être pris en charge par les sociétés autochtones, de la construction de routes de glace pour l’hiver au transport, en passant par la restauration et l’entretien. » Ce qui permit d’employer des centaines de personnes indigènes dans les Territoires du Nord-Ouest et au-delà.
L’une de ces entreprises est la Det’on Cho, détenue par les Première Nations Dénés Yellowknives, lancée en 1988, qui est devenue un des plus grands employeurs des Territoires du Nord-Ouest. En 2019, elle a remporté le prix du leadership économique de l’année, devançant des entreprises indigènes et non indigènes. L’entreprise fournit des services de logistique, de construction, de transport, de restauration, d’aviation et des projets environnementaux à certaines des plus grandes mines de diamants du monde, comme le groupe De Beers, Rio Tinto, la mine de diamant Diavik et l’Arctic Canadian Diamond Company. Dans l’entreprise Det’on Cho, on trouve des hommes et des femmes issus des trois groupes indigènes des Territoires du Nord-Ouest ; à savoir les Premières Nations, les Inuvialuit et les Métis ainsi que des personnes non-autochtones d’autres régions du Canada et du monde entier.
« Je suis fier d’avoir créé une entreprise performante qui joue un rôle crucial dans l’industrie du diamant, » dit Paul Gruner, le PDG de Det’on Cho. « Nous ne sommes pas seulement un sous-traitant, nous avons un impact direct sur la productivité des mines avec lesquelles nous travaillons.”
« Nous avons commencé avec les négociations sur les droits autochtones, puis nous nous sommes développés en tant que société à part entière, avec une rentabilité, des actionnaires, de la gestion de risque et une direction. Nous répondons à presque tous les besoins des mines des Territoires du Nord-Ouest et nous sommes un élément important de la chaîne d’approvisionnement. Nous comptons aujourd’hui 800 employés, et nous avons développé une plateforme RSE qui couvre la protection de l’environnement et la création d’emplois. Quand une mine ferme, nous sommes les mieux placés pour aider à gérer sa remise en état – un processus qui nécessite plusieurs milliards de dollars. En tant qu’entreprise formée et dirigée par des peuples autochtones, nous sommes les gardiens naturels de la terre. »
Mr Gruner envisage un avenir où les entreprises comme Det’on Cho se développeront bien au-delà de l’industrie du diamant et des Territoires du Nord-Ouest. « Nous ne voulons pas seulement quelques emplois, nous voulons donner du sens à notre économie, et nous adapter à d’autres industries. Nous avons les compétences et l’expérience pour pouvoir rentrer dans n’importe quelle industrie. »
Mr Beaulieu partage cet avis. « Un avenir où les conducteurs indigènes seront des participants et des bénéficiaires à part entière de l’économie, fournissant des emplois stables d’origine locale, des services aux entreprises et des investissements essentiels, offre des certitudes aux investisseurs privés et aux développeurs de ressources.”
L’essor des entrepreneurs et des chefs d’entreprise indigènes animés d’un désir naturel de protéger la nature est un avenir que nous pouvons tous envisager.